Doubler ses chances de cesser de fumer grâce à la vape, voilà ce que révèle une étude suisse indépendante, publiée le 15 février 2024. Menée par le Fonds national suisse et relayée dans le prestigieux New England Journal of Medicine, cette recherche met en avant l’utilité de l’e-cigarette dans le sevrage tabagique.
Sommaire
Description de l’étude
Conduite par des scientifiques de l’Université de Berne, l’étude a été réalisée dans cinq centres de recherche situés à Berne, Genève, Lausanne, Saint-Gall et Zurich entre juillet 2018 et juin 2021. C’est l’une des enquêtes les plus exhaustives sur le sujet à ce jour.
But de l’étude
L’objectif principal de cette recherche était de déterminer si les cigarettes électroniques sont efficaces pour aider les fumeurs à arrêter. Les chercheurs se sont concentrés sur « l’efficacité, la sécurité et la toxicologie des e-cigarettes comme moyen de sevrage tabagique, par rapport à un traitement standard seul sur une période de six mois« , d’après Vaping Post.
Cette étude majeure a impliqué plus de 1 000 participants.
Méthodologie de l’étude
L’étude a inclus 1246 fumeurs adultes qui :
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Fumaient au moins 5 cigarettes par jour depuis au moins un an ;
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Souhaitaient arrêter de fumer dans les mois suivants ;
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N’avaient pas utilisé de substituts nicotiniques ni de cigarettes électroniques au cours du dernier trimestre.
Avant de commencer, les participants devaient fixer une date précise pour arrêter de fumer. Ils étaient ensuite divisés en deux groupes :
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644 participants ont reçu des thérapies, des conseils médicaux et des substituts nicotiniques tels que des patchs ou des gommes à mâcher ;
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622 participants ont reçu des cigarettes électroniques et des eliquides d’Alfaliquid en plus des thérapies.
Détails sur le groupe utilisant des e-cigarettes
Les 622 fumeurs de ce groupe ont reçu un kit de démarrage d’Innokin, l’Endura T20 S, qui est similaire au kit Ego AIO de Joyetech, mais particulièrement adapté aux débutants. Ce kit incluait :
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Des résistances de 0.8 Ohm pour une inhalation semi-directe (RDL) ;
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2 eliquides de saveurs classiques, un mentholé et 3 fruités d’Alfaliquid avec différents taux de nicotine au choix (19,6 mg/ml, 11 mg/ml, 6 mg/ml et 0mg/ml).
Détails sur le groupe recevant des conseils médicaux
Les 644 autres participants ont bénéficié d’un accompagnement comprenant :
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Thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ;
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Entretiens motivationnels ;
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Thérapies de remplacement de la nicotine et autres substituts.
Chacun des participants des deux groupes a été suivi à cinq reprises avant l’entretien final, six mois après la date fixée pour l’arrêt du tabac.
Évaluation de l’efficacité de l’e-cigarette dans le sevrage tabagique
Les chercheurs ont mesuré l’abstinence tabagique en utilisant des méthodes biochimiques, notamment en :
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Mesurant le taux d’anabasine dans les urines (un alcaloïde similaire à la nicotine) qui devait être inférieur à 3 ng par millilitre ;
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Évaluant le taux de monoxyde de carbone expiré pour vérifier qu’il soit inférieur ou égal à 9 ppm en l’absence de taux d’anabasine.
Résultats prometteurs de l’étude
L’étude a montré que les deux groupes avaient des résultats comparables en termes de :
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Qualité du sommeil ;
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Intensité des douleurs thoraciques ;
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Sensations d’essoufflement ;
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Niveau d’énergie.
Cependant, des différences significatives ont été observées, comme le montre le tableau ci-dessous :
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Cigarette électronique |
Sans cigarette électronique |
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41 % indiquent une réduction de la toux 62 % mentionnent une diminution du mucus 60 % n’ont pas fumé au cours des 7 derniers jours 28,9 % ont réussi à maintenir l’abstinence tabagique |
34 % ont noté une réduction de la toux 51 % ont vu une diminution du mucus 39 % n’ont pas fumé au cours des 7 derniers jours 16,9 % ont maintenu l’abstinence tabagique |
En somme, vapoter s’est révélé être près de deux fois plus efficace pour cesser de fumer, avec un taux de réussite de 1,77 fois supérieur, conduisant les chercheurs à conclure que « L’ajout de l’e-cigarette au counseling standard a augmenté significativement les taux d’abstinence tabagique par rapport au counseling seul« .
Limitations de l’étude
Comme toute recherche, celle-ci présente des limites. Notamment, en l’absence de données d’abstinence, les chercheurs ont préféré classer les participants comme non-abstinents.
De plus, les utilisateurs de cigarettes électroniques ont montré une plus grande dépendance à la nicotine comparativement à ceux du groupe témoin. En effet, deux tiers des personnes ayant arrêté de fumer avec une e-cigarette sont restées dépendantes à la nicotine, contre seulement un sur huit dans l’autre groupe. Toutefois, Reto Auer de l’Université de Berne et d’Unisanté à Lausanne souligne que « les vapes contenant de la nicotine sont significativement moins nocives que les cigarettes traditionnelles« . Il ajoute que les e-cigarettes fournissent la dose de nicotine recherchée par les fumeurs plus rapidement que les patchs ou les gommes à mâcher, qui nécessitent au moins 10 minutes pour que la nicotine soit assimilée par l’organisme.
Par ailleurs, Alexander Möller, spécialiste des poumons et chef du service de pneumologie à l’Hôpital pédiatrique universitaire de Zurich, note que l’échantillon « n’est pas représentatif de la population générale« . Selon lui, dans La Tribune de Genève, « les participants étaient relativement jeunes, instruits et n’étaient pas de gros fumeurs… ils étaient fermement décidés à arrêter de fumer« . Il prévient que « si la dépendance à la nicotine persiste, le risque de rechute pourrait être plus élevé.
Conclusion
Cette étude n’est pas la première à examiner l’efficacité de la cigarette électronique dans le sevrage tabagique, mais elle est certainement l’une des plus importantes à ce jour, avec des résultats comparables à ceux de la revue Cochrane, qui avait trouvé que l’e-cigarette était environ trois fois plus efficace que les autres substituts nicotiniques.
Toutefois, comme le souligne Reto Auer, « il est indéniable que les vapes sont moins nocives que les cigarettes traditionnelles. Dans le cas des cigarettes, ce sont surtout les produits de combustion qui sont néfastes pour la santé, et non la nicotine« . Il conclut que « les e-cigarettes ne sont pas la solution ultime, mais elles représentent une mesure de réduction des risques pour les fumeurs« .
Enfin, il est important de rappeler que l’objectif de cette étude était d’évaluer l’efficacité des cigarettes électroniques dans le cadre d’un sevrage tabagique sur une longue période. Bien qu’il soit nécessaire de noter « qu’aucun effet secondaire préoccupant n’a été observé durant les six mois de l’étude« . Et que l’arrêt du tabac avec une e-cigarette s’est avéré plus efficace que les thérapies et substituts nicotiniques.
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Arthur est un journaliste scientifique avec une approche pédagogique. Spécialisé dans les questions de santé liées à la vape, il aime démystifier les idées reçues et fournir des informations basées sur des études sérieuses.